vendredi 12 octobre 2007

Un saut dans l'enfance

C'était la semaine dernière, un soir après le repas pendant un jogging avec son chien. Il faisait le tour d'un lac ceint de diverses attractions pour enfants : toboggans, balançoires, tourniquets... lorsqu'il le vit ! C'était un téléphérique de bonne taille, le câble avait l'air solide, la distance était conséquente. Il ne put résister longtemps. Il jeta un coup d'oeil en avant, en arrière, sur les cotés tel le voleur qui fuit le regard à l'avantage de son larcin. La voie était libre, aucun badaud, pas d'autres coureurs, nulles personnes âgées sur les bancs, les jeunes étaient chez eux, il était la seule âme de ce lieu. Alors rapidement, pour ne pas se faire prendre, il courut vers la machine, il serra le "support" entre ses jambes et il se laissait glisser avec délice. Le wiizzzz du roulement, l'air fendu, le coeur en précipitation, il retrouva, pour de courtes secondes, les sensations de son enfance, la jouissance spontanée, le plaisir brut, l'insouciance. La vitesse étant amplifiée par le poids, clac, il s'arrêta très brusquement, violemment en bout de piste. Le choc envoya virevolter le corps pataud de l'adulte. il reprit alors le chien et la course d'endurance, l'air de rien, tout heureux de cette intermède dans le sérieux, ravi de cette escapade puérile, de cette bravade au bon code de conduite de l'adulte responsable qu'il est. Sensible aux regard des autres, il n'aurait pas fallu qu'il se fasse "attraper", qu'il attire la raillerie. Ce retour à l'enfance eut une sollenité, un oxygène qu'il n'aurait pas aimé voir dénigré par un sôt. Ce fut un saut dans l'enfance, un instant de pure joie dans un monde austère où les rares rires sont provoqués par l'alcool et la moquerie. Un monde qui manque d'endorphine, de sérotonine, de temps que l'on prend pour le "perdre". Bien sûr, il plaisante plus souvent que quiconque, il a un métier qui le passionne, un enfant enthousiasmant, une femme aimante, une voiture agréable à conduire et autres plaisirs quotidiens, mais rien, plus rien ne ressemble dans ses sentiments à ce qu' il éprouvait tête blonde (qui était très brune). Ce fut la nostalgie du temps qui passe, de ce qui est à jamais perdu, de la mort qui viendra trop tard ou trop tôt qui suivit ce moment de grâce. La pure angoisse existentielle, car quand bien même il deviendrait fou, jamais plus ces parfums d'enfance ne seraient là. Cet empire du jeu où tout est simple et naturel, ce bonheur d'une famille affectueuse qui vous prend à sa charge, cette ère où les autres ne vous ont pas encore fait suffisamment souffrir pour que vous vous en méfiez, cet esprit qui n'est pas encore pollué par la psychanalyse, la connaissance, la réflexion, où l'inconnu vous attire à la place de vous effrayer. La tristesse fut vite chassée par la joie de donner à son tour à son fils cette possibilité de bonheur. C'est avec un certain soulagement qu'il découvre qu'il y a encore de la malice, une place en dehors des clous. Tout de même un adulte qui glisse le long d'un téléphérique pour enfant...il lui arrive de se faire rire !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ce que je cherchais, merci