samedi 3 avril 2010

La belle boue (publié sur Facebook)

Un réalisateur, Roman Polanski, habitué des partouzes et de la débauche un soir fait prendre des benzodiazépines et de l’alcool à une gamine de treize ans, puis la viole. L’auteur du Bal des Vampires finit par la sodomiser, par jouir en elle ainsi pour qu’elle ne tombe pas enceinte. Il ne manquerait plus qu’il ait à payer une pension ! Une plainte est déposée, il y fait face un moment, puis se sauve, la justice lui court plus ou moins après pendant des décennies et il est en attente, en ce moment, d’être livré aux autorités yankees par les Suisses. Une affaire pénale simple, il a avoué.

L'intelligentsia de son pays d’origine et de refuge la France se met en branle non autour d’adolescentes, mais pour défendre le « génie » victime du monstre judiciaire qui voudrait le juger comme chaque criminel en a l’involontaire droit. Le panel de cette défense est prévisible : la belle sœur à deux neurones, ceux qui ont joué dans ses films, la plaie Bernard Lévy qui invoque une erreur de jeunesse (l’ami Roman n’avait que 44 ans au moment des faits), le ministre de la cul-ture et de l’Asie mineur(e) qui comprend ce genre de pulsions douloureuses pour ceux qui les assouvissent, la gauche caviar toujours du coté des délinquants et criminels.

Puis débarque l’artefact, la surprise de l’année, l’intrus, l’impondérable : Alain Finkielkraut.
Qui ? Mais oui, le philosophe, l’écrivain, l’ancien gauchiste reconverti dans la réaction et la subversion médiatique. Oui celui qui dit que le pathos a trop pris le pas sur le logos. Le grand Républicain avec un grand R pour rimer avec lumières, le pourfendeur de communautarisme en presque tous genres, celui contre la culture de l’émotionnel, l’instrumentalisation de la Shoa.
Et que fait-il ?
Il fait appel sagement à la raison et à la justice souveraine dans chaque pays ?
Non.
Il est très énervé et défend Polanski : la jeunette a 13 ans, ce n’est plus une gamine, mais une femme d’autant plus qu’elle a déjà eu un petit ami et a posé pour des photos. La meute se déchaîne sur Polanski parce qu’il est connu et riche, elle veut sa peau. C’est l’effet Dutroux.; la société voit du pédophile partout depuis. Roman Polanski a déjà souffert de la perte de ses parents dans les camps, de la persécution communiste en Pologne.

Alors voici donc, un intellectuel qui devient con; un homme qui s’indigne habituellement de la politique de l’excuse, mais qui en trouve tout à coup pour défendre le réalisateur; un tribun se plaçant habituellement à contre-courant moderne, c'est-à-dire du coté de la justice et des victimes contre les délinquants et criminels. C’est un Alain Finkielkraut sorti diable en boîte contre les thèses récurrentes d’Alain Finkielkraut que nous entendons ce jour là à la radio. Et puis, suivent les finkielkrautophiles qui ont définitivement délégué leur pensée au clerc, souvent brillant, il est vrai.

Et pourquoi ?

La loi m’interdit de répondre à cette question.
Amusant, non ?