Voila, j'y suis ! Misère, je suis dans la misère. Relisant le journal de Léon Bloy, je retrouvais avec un certain dégoût l'esprit de mendicité du grand homme. Il quémandait à ses amis fortunés le pain et le vin et cela me le rend particulièrement antipathique sur ce point, se plaignait d'un ami lui rendant visite qui s'était restauré chez lui. Lorsqu'il n'y a plus rien, gardons la dignité. Ne refusons jamais une hospitalité_ quelqu'en soit le prix à payer_ à un visiteur, continuons surtout d'être généreux.
Un ami m'a proposé de l'argent, j'ai refusé, refusé, refusé, puis dépassé ai fini par accepter. Et je m'en mords les doigts, me sens misérable, diminué. Il me faudra lui rendre en urgence une fois un emploi parallèle à celui d'écrivain trouvé afin de retrouver un rapport d'égal à égal avec ce gentleman, cet intellectuel de coeur.
Il ne me manque plus que l'épouse ancienne prostituée reconvertie dans la catholicisme qui devient folle, quoi que j'aimerais bien quelque part. Et puis ce geignard avait un toit digne de ce nom. Je vais aller vivre dans une caravane auprès d'un public de ploucs de camping et de gitans que je déteste.
Volée de bloy vert, ne pouviez-vous pas vendre de la ferraille, des moules comme je le fais, dénicher un emploi de veilleur de nuit afin de pouvoir continuer à écrire romans, poésies, essais, articles comme je vais le faire ? J'ai aussi cette noblesse de l'écriture, cette volonté de ne faire que cela, cette détestation snobe pour les emplois autres, aussi je te comprends. Mais mendier pour une âme élevée, un polémiste de talent tel que vous, se soumettre au bon vouloir de cette saleté d'être humain. Non, il vaut mieux se sentir un peu minable par ces boulots indignes que complètement minable en étant à la charge des autres tels ces parasites gravitant autour du détestable microcosme jet setteur.
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