Ce qui frappe en arrivant sur la place d'Outreau, rebaptisée place Bérégovoy depuis quelques années (le seul pauvre en politique de ces trois dernières décennies qui fut si rejeté par ses amis pendant le tourment qu'il s'en est suicidé), c'est la désolation, la tristesse; ce lieux est quasiment toujours vide de monde. Mais il faut dire à la décharge des habitants qu'il l'est tout autant d'attrait. C'est laid, il n'y a rien à faire à part boire du Genièvre de Houlle au café PMU du Bras d'Or.
Dans ce désert culturel, ce no-man's land affectif, cette zone de non-vie pire qu'une zone de non-droit que les élus locaux ont eu raison de baptiser, répétons-le tant c'est cocasse : Place Bérégovoy puisque l'agora donnerait envie de suicider à Epicure lui-même ont été placés des hauts-parleurs qui égosillent du Chantal Goya et autres auteurs pour enfants. Les adultes privés de travail, de dignité, d'espoir dans cette ville tant touchée par le chômage ont donc cette humiliation supplémentaire histoire de les achever, de les décourager de se sortir de l'alcoolisme, la drogue, la déréliction. Ne sait-on jamais, ils pourraient demander à être traités comme des adultes, c'est à dire exiger l'autonomie par le travail.
Au gré des errances, on découvre dans les toilettes du cyber-café municipal des affiches expliquant comment tenir l'endroit propre, puis en sortant au dessus du lavabo d'autres vous enseignant l'art de se laver les mains. On (qui est un con puisque c'est moi et que je me nomme comme j'en ai envie) se rend à la mairie pour proposer une conférence-débat, histoire d'avoir le plaisir de se bagarrer un peu et l'adjointe à la culture vous explique que vous devez d'abord lui offrir votre livre à lire et qu'elle en référera à madame le maire afin de savoir si votre ouvrage sera acheté pour la médiatèque selon son bon vouloir. On sait déjà que ce sera du mauvais vouloir. Beaucoup de travail, d'argent dépensé pour gagner 1,90 euros en pourcentage sur la vente d'un livre, on laisse tomber. En entamant une discussion avec l'adjointe à la culture- qui en possède très peu-, on apprend que son leitmotiv est les enfants, encore une fois et le spectacle vivant_ cette cochonnerie qui spolie le théâtre_. Oui : les enfants, mais desquels parle-t-elle ? De ceux mineurs, de ceux adultes ou des deux à la fois.
Outreau est une petite ville connue dans toute la France et un peu ailleurs pour ses déboires pédophiles, mais il y a aussi ces supporter du LOSC qui ont fait traverser une fosse de RER à leurs enfants à la sortie d'un match au Parc des Princes avec les conséquences dramatiques que nous ont appris les journaux, la télévision qui sont de la même ville.
Comment pouvons-nous nous étonner que dans la ville aux enfants où les habitants sont réduits à l'état nourrisson, abêtis à l'aide sociale, à l'assistante sociale; où la maire, ancienne institutrice, les gèrent comme des enfants turbulents d'une classe de maternelle, les adultes conditionnés à l'absence de jugement propre, d'autonomie finissent par coucher avec leurs gosses, traverser une voie ferrée avec leur tout petit en pleine inconscience ?
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