mercredi 10 octobre 2007

Un air de Bretagne


C'est une photo de la pointe du raz.

Je suis dans les obligations liées à la prochaine parution d'un livre, dans le commencement d'un thriller, dans la mise en page d'un recueil de poésies, dans des démarches pour accéder à la mise en scène de quelques pièces de théâtre dont je suis l'auteur et une pléthore de démarches administratives et autres toutes plus importantes les unes que les autres. Dans cette solitude de l'action, je me mets à rêver d'une maisonnette de pêcheur sur les côtes bretonnes, d'une bande d'amis qui viendraient partager le couvert et la discussion, de grands espaces de promenades, de contemplation. Le temps libre que l'on n'a pas volé, la récompense des efforts, l'argent gagné ne sont-ils pas nos rares accès à la liberté. J'aime mon métier, mais diable qu'il isole, que les nuits sont parfois vides, les matins où vient l'endormissement angoissants, les après-midis sans compagnie. Bienheureux l'écrivain reconnu qui attire les amitiés, les amours, les invitations, l'attention. Il est de coutume de plébisciter l'anonymat, la confidentialité, l'humilité, il me semble pourtant qu'ils sont rares ceux qui ne cherchent pas la lumière, le public, l'opulence. Où sont les mécènes, les cours ?
La bretagne me semble être la région la plus ressemblante de la côte d'Opale où j'ai eu la chance de grandir, où j'ai la malchance d'y avoir des fantômes dans le placard trop présents pour qu'un retour aux source me soit possible. Cet air iodé, ce grand vent qui énerve, cette mer qui fait de grandes promesses, ces paysages sauvages modelèrent ma physiologie et je ne pense pas excessif d'exprimer qu'ils font partie de moi, que le manque nostalgique qui m'obsède au quotidien est un manque physique.
Ce qu'il y a de plus éprouvant dans l'exil est qu'il n'est que rarement conscenti, il agresse le caractère, vous donne une souffrance nouvelle. Ce n'est pas un seul être qui me manque pour paraphraser Lamartine, mais bien toute une terre.
En allant cueillir des moules, en marchant sur une grande plage de sable fin, en errant près des chalutiers, en pêchant la morue, je ne serais pas plus accompagné, mais je serais moi au milieu de mon biotope. Encore parfois je me surprends à chercher l'océan en sortant de chez moi, par substitution comme un toxicomane prend du Subutex pour apaiser son manque d'Héroïne, je me rends au bord d'une rivère, sur le bord d'un lac pour "sentir" de l'eau, calmer mes sens. Certains nommeraient ceci contemplation, j'y vois plutôt une retrouvaille.
Combien de savoyards doivent chercher une montagne à Paris ?
Combien de Méditerrannéens doivent y rêver de soleil ?
Être si seul pour toucher le plus grand nombre, tel est l'un des paradoxes de l'écrivain.

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