dimanche 22 février 2009

Sybille

Je t'ai croisée, belle créature_était-ce hier ou avant-hier ?_ dans les rues de cette ville que j'ai tant aimée et tant détestée puisque j'y fus adolescent. Chaque ville de France que j'ai traversée, où j'ai plus ou moins vécue a un parfum, des codes que j'ai essayés d'obtenir au mieux de mes capacités le plus rapidement possible. Cette cité portuaire a l'odeur du chanvre indien, de l'héroïne, du whisky, mais aussi celle plus iodée du bord de mer, des larmes que j'ai versées lorsque je vivais l'enfer du viol et de ses conséquences : la toxicomanie, l'alcoolisme, la violence, la mésestime personnelle. Tu étais belle de tes cheveux blonds, de tes grands yeux bleus, de ta petite taille mettant toute ta féminité en valeur, mais surtout de ton aisance de bourgeoise sans soucis, de ton bonheur non-joué, de ton insouciance naturelle. Je me souviens lorsque tu convolais avec l'un des pauvres types qui me servait d'ami à cette époque que tu étais attirante et tu l'es toujours, mais si j'eus aimé coucher avec toi, il n'y eut jamais d'amour, de sentiment tendre à ton égard. Tout ne saurait s'analyser et c'est tant mieux. C'est étrange cependant qu'une fille maintenant femme aussi attirante, intelligente, gentille, bien dans sa peau ne m'ait jamais inspiré rien d'autre qu'un vague désir sexuel et encore pas souvent alors que d'autres souvent moins jolies, méchantes ou déséquilibrées ont su planter une flèche en mon coeur s'étant cependant révélée être une aiguille vaudoue qu'elles plantaient à l'envi. Quelle belle vie où j'ai tant adoré, tant haï, où mes errances souvent subies m'ont mené vers cent existences en une, de drames et de joies mêlées. Ce fut l'extraordinaire, des rencontres peu communes, des combats hors du commun. Tant qu'il restera un souffle, je conserverai cet espoir de grand amour, parfois rencontré, perdu bêtement. Je veux aimer avec passion, admiration, déraison une femme, peut-être toujours la même, y compris dans ce chemin littéraire, politique, presque militaire, me marier, qu'il y ait une madame Lefebvre, une madame sans gêne débordante de malice, peste à souhait, usante et pourtant si aimante. Elle est là tout prêt, elle arrive, je la sens avec une conviction peu rationnelle, mais si affirmée. Tout ceci ne fait que commencer, ne fut qu'un entraînement, un coeur trop faible, un esprit trop sincère qui eurent besoin de s'armer, d'être blessés. Pourvu que la vie ne fasse que commencer.
Sybille, tu ne m'intéresses pas malgré ton sourire, tes seins en poire et tes fesses accueillantes, pas plus que pour une nuit ou deux, il te manque d'être une Pompadour, une Joséphine, une muse, une folle.

Aucun commentaire: