Allons donc voici qu'elle repointe son museau de musaraigne, la romantique lutte des classes. Il est vrai qu'il y a de quoi, les faibles sont de plus en plus spoliés, l'arrogance est sur le devant de la scène. Les pauvres ne meurent plus de faim, de travail excessif, de manque d'hygiène. Ils ne meurent presque plus d'ailleurs, guère plus que les autres. Mais c'est bien pire, ils ne vivent plus, sont absents hormis quelques exotiques symboles de la Seine-Saint-Denis !
Quel anathème alambiqué que cette appartenance sociale. Je n'aime pas les ploucs, vous savez ceux qui mettent des chaussettes de sport blanches sous des spartiates en caoutchouc, qui parlent fort, ne savent pas aligner quatre mots corrects dans une phrase, aiment des chanteurs aussi improbables que leur coupe de cheveux, ont une décoration intérieure qui donne envie de fuir, mangent en mastiquant bruyamment la bouche ouverte. Et force est de constater que ce sont souvent chez les pauvres que l'on retrouve ces manques de goût, de tenue et pourtant je suis pauvre, non par aspiration ou manque de diplômes, mais par absence de compromis quant à des professions possibles. Il m'arrive d'être étonné de l'analyse d'un pauvre, de sa culture, de ses valeurs aussi je ne peux décemment être ami ou ennemi du pauvre puisque je ne peux l'intégrer comme une composante homogène.
Reste d' autres catégories de ploucs et elles ne sont pas en reste. Disséquons les rapidement :
- Le bobo, artiste défini quoi qu'il fasse et c'est souvent aussi minable que sa prétention, il se moque volontiers des autres ploucs, plus ploucs que lui. Son père lui a offert sa panoplie de rebelle, mais ce n'est pas ce qui le rend mal à l'aise dans son personnage de faux dissident, de véritable agent du système. C'est un bouddhiste pour ne pas culpabiliser d'être un égoïste, un décivilisateur, un salaud, mais il vous dira qu'il oeuvre pour le bien. Le pire est qu'il le croit dur comme fer.
- Le néo-con à l'allure de représentant de commerce et au diplôme aussi certainement, l'arrogance, la bêtise personnifiée, le vide, le tempérament de battant sauf qu'il se bat pour le plus bas de l'échelle morale.
- La racaille de banlieue qui déteste l'Occident, mais ne jure que par Nike et BMW. Il va niquer sa mère sur le Coran entre deux canettes et un joint d'herbe.
- Le baba-cool qui est resté dans un peace and love de 68, il croit encore au pouvoir des fleurs, au shit, peut-être pour ne pas voir le monde qui s'écroule. Pense qu'être libre consiste à ne pas se laver, à ne pas travailler, à avoir des cheveux longs, que tous les hommes sont égaux.
- Il y a moi enfin qui écoute de l'opéra en roulant comme un fou, qui met des costards alors que je n'ai pas un rond, qui pense être un génie, qui crois au pouvoir d'un Roi, qui pense qu'il rencontrera le grand amour et la richesse un jour, qui rêve de pouvoir, de révolution, mais sans bouger de mon clavier.
Quelles classes : les riches tous pourris ou les pauvres tous débiles ?
Je crois en une société de classes, pas à un monde sans délaissés, parfaitement juste qui ne saurait exister set serait certainement pire que celui-ci. Une société avec des valeurs, plus de valeurs en tout cas, voilà qui serait bien.
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